Le Château de Montségur

Voir aussi L'hérésie Cathare et La Croisade contre les Albigeois

picto_patrimoine_billets.jpgA 1h20mn de Saint Girons et 88km de nos chambres d'hôtes
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Quittant Foix par le Sud, après avoir franchi le pont sur la rivière Ariège, puis prenant la route de Lavelanet, à une vingtaine de kilomètres, le voyageur découvre le château de Montségur (*), perché au sommet d'une falaise arrondie dont il épouse les formes et où l'on ne peut accéder que par la face SW, par un sentier qui escalade la pente abrupte.

Il faut environ 1/2 heure de marche pour atteindre le sommet d'où l'on a une vue impressionnante: le massif du Plantaurel, contreforts des Pyrénées, les gorges de La Frau et la vallée de l'Hers. Le château se réduit à une grande enceinte de forme pentagonale, avec à sa porte Nord un donjon, sans doute poste d'observation. Il ne ressemble pas aux châteaux forts dont il nous reste des vestiges. Sa construction est soumise, bien sur, à la forme du rocher, mais son plan semble se soucier avant tout des questions d'éclairage et de l'orientation des murs par rapport au soleil levant. Certains historiens pensent qu'il aurait pu être à l'origine un temple manichéen. Rien ne permet de l'affirmer. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il n'apparaît pas avoir été construit pour servir de défense et qu'il jouait déjà un rôle important pour les cathares à une époque où ils n'étaient pas encore persécutés. C'était donc sans doute un lieu de rassemblement et de culte.
Les hérétiques qui s'y réfugiaient habitaient le village au pied de la falaise. Mais d'autres, surtout "Parfaits" et "Parfaites", vécurent sous les murs du château, et peu à peu se constitua un village de cabanes moitié creusées dans le rocher, moitié suspendues au dessus du précipice, abris inaccessibles où seuls pouvaient vivre des gens attirés par la vie contemplative et prêts à tous les sacrifices.
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En 1205 le château étant en fort mauvais état, les cathares demandèrent à Raymond de Pereilla qui en était le seigneur, de le restaurer, ce qui fut fait.
En 1229, la conférence de Meaux légalisa la future réunion du Languedoc à la France et organisa la répression méthodique de l'hérésie par la création de l'Inquisition. En réponse, une sorte de résistance clandestine s'organisa en Ariège, autour de Montségur, mais également dans le Fenouillède.
En 1232, les cathares tiennent officiellement un synode qui demanda à Raymond de Pereilla d'accepter tous les croyants qui voudraient se réfugier à Montségur. A partir de là, Montségur voit affluer les pèlerins acquis au catharisme malgré l'Inquisition.
Tout au long des guerres successives, les cathares avaient opposé une résistance pacifique, mais la répression cruelle des Inquisiteurs finit par entraîner la violence.
En Avril 1243, le tribunal de l'Inquisition se rendit à Avignonet (**). Averti, Pierre Roger de Mirepoix qui commandait la garnison de Montségur, en rassemble une partie et prit la route d'Avignonet. Surpris dans leur sommeil, les moines furent tous massacrés. A la suite de ces évènements, un concile de prélats se réunit où la décision fut prise de mettre fin à Montségur. Cette tâche fut confiée au sénéchal de Carcassonne. Le siège commença en Mai 1243. L'armée ceintura la montagne, les falaises verticales défiant toute escalade. A l'intérieur de la forteresse, les Parfaits très nombreux, 100 à 200, plus 300 personnes, soit défenseurs, soit habitants. Parmi eux, Raymond de Pereilla et sa famille, Pierre Roger de Mirepoix et sa famille, l'évêque cathare Bertrand Marty et son frère, beaucoup de chevaliers et leurs écuyers, appartenant à la petite noblesse des environs.
Pendant cinq mois, il ne se passa rien, la nature du terrain permettant à une poignée d'hommes de résister à une armée entière. Le château n'était pas isolé du reste du monde. Il y avait un va et vient important entre la citadelle et l'extérieur, par des sentiers secrets. Mais en Novembre 1243, quelques volontaires basques réussirent à prendre pied sur le versant méridional, et de là, à envoyer des boulets sur le château. Cependant, le siège aurait pu durer encore longtemps si les assaillants n'avaient pas bénéficié de la trahison d'un guide qui les mena jusqu'à la tour Est qui fut enlevée par surprise: la route était maintenant ouverte. Devant l'aggravation de la situation, Pierre Roger de Mirepoix fit évacuer le trésor vers la Haute Ariège. Il devenait maintenant évident que la capitulation était inévitable.

stele_cathares.jpgLa citadelle tînt encore deux mois au bout desquels Pierre Roger et Raymond de Pereilla firent connaître les conditions auxquelles ils acceptaient de se rendre. Elle furent agréées: tous ceux qui ne renieraient pas le catharisme seraient brûlés vifs. Les autres seraient libres en confessant leurs fautes. Les combattants seraient libres avec armes et bagages. Pas de sanction pour le massacre d'Avignonet. Une trêve était accordée pendant 15 jours. Pendant cette quinzaine tragique, ceux qui allaient mourir se séparèrent de leurs biens. Parmi ceux qui auraient pu leur survivre, 17 au moins demandèrent d'entrer dans l'Eglise Cathare, reçurent le "consolamentum" et choisirent ainsi de mourir. Parmi les condamnés, il y avait la femme et une fille de R. de Perella, ainsi que la mère de sa femme.
C'est le 16 Mars 1244 que les hérétiques, au nombre de 210, furent brûlés vifs dans un bûcher gigantesque au pied de la montagne, dans le champs dit des "cramats". De passage en Ariège, le visiteur peut aujourd'hui y voir une stèle régulièrement fleurie, portant cette inscription: "Als cathars, als martirs del pur amor crestian".
Pendant cette nuit, Pierre Roger fit évader à l'aide de câbles, 5 hérétiques chargés de mettre à l'abri le reste du trésor dont une partie avait été évacué 2 mois auparavant.
Montségur entrait dans la légende, devenu désormais pour les occitanistes le symbole des libertés perdues.

(*) à 1h20de Saint Girons et 88km de nos chambres d'hôtes
(**) à une quarantaine de km au SE de Toulouse

Voir le site du Château de Montségur